Histoire de Riom

Riom-Es-Montagnes en histoire

Riom est-il le marché du gué ou celui du Roi ?
(D’après Jean Chalvignac) Riom est un nom d'origine gauloise. C'est chose entendue. Cependant deux hypothèses sont émises sur sa véritable étymologie. Tout d'abord, Riom viendrait de " Rigomagus ", le marché du Roi. " Magus " signifie en gaulois " marché ".

Les Gaulois avaient l'habitude de tenir les marchés à date fixe sur un terrain qui servait de lieu d'échange commercial. Cette coutume s'est perpétrée de l'époque gallo-romaine, au Moyen Age, jusqu'à nos foires d'aujourd'hui. Un déterminant précédait ce " Magus ". Ainsi, Rigomagus, le marché du Roi. Le terme " rex ", roi ou homme riche correspond au " rex, regis " latin, " rigo " gaulois. Ceci est par exemple valable pour Riom dans le Puy-de-Dôme qui était proche de Gergovie, la capitale des Arvernes au 1er siècle avant J.C. et qui était déjà la rivale de Augustonemetum, la ville qui deviendra Clermont-Ferrand.

Mais en Haute Auvergne, de quel Roi pouvait-il s'agir ? D'un chef de tribu local, d'un notable riche et puissant ?

Il est plus tentant de pencher vers une autre conjecture : Riom proviendrait de " Ritomagus ", le marché du gué. En effet, les Gaulois attribuaient très souvent des noms de lieux en relation avec la topographie naturelle du terrain. " Mediolanum ", " la plaine du milieu " a donné à titre d'exemple, la ville de Milan. 


Riom proviendrait
de " Ritomagus" :
le marché du gué

Riom-ès-Montagnes est sur les bords de la Véronne à un endroit où la vallée est large, où la rivière, moins profonde, permet de la franchir plus aisément. Ce gué pouvait se situer à l'est, là où se trouve actuellement le pont de l'avenue Fernand Brun qui permet d'aller vers Murat et Apchon.

Rappelons nous en effet qu'un gué à cette époque était d'une importance considérable pour les communications. Les Gaulois les utilisaient et ce sont le plus souvent les romains qui ont bâti des ponts.

Ces deux hypothèses, de toutes les manières, visent bien à faire penser que Riom, dès le départ, a eu une vocation commerciale, et a été un lieu d'achats et de ventes de produits puisque cela s'inscrit dans son nom. 
D'autre part, le doublet Riom (Basse Auvergne) et Riom (Haute Auvergne) est intéressant. Pour les distinguer, il y a eu Riom le Beau, et Riom le Chétif ! Riom-Plaine et Riom-ès-Montagnes où " ès " est la contraction de " en les ", comme docteur ès sciences. Ceci démontre par ailleurs la marque du pluriel de " Montagnes ".

L’apparition de l’agriculture et de l’artisanat à Riom-ès-Montagnes.

A l'origine, Riom est donc un marché, un " magus " gaulois à savoir un lieu d'échanges commerciaux à date fixe (voir " Le Pays " n°211). Il est entendu aussi qu'à l'époque gallo-romaine, et peut-être dès le IIème siècle av J.C., d'autres activités ont pu exister sur le site de Riom-ès-Montagnes.

Ainsi, l'agriculture avait toute sa place puisqu'un établissement de production important devait se situer à l'emplacement même de l'actuelle Maison des Services et de la laiterie Besnier.

Entre 1900 et 1905, les terrassements de la gare SNCF ont permis de mettre à jour une quantité considérable de poteries, céramiques, amphores, urnes funéraires, vases à pâte tendre (Guide du Cantal d'Henry Delmont). On trouva aussi deux statuettes, une déesse mère assise pressant deux enfants sur sa poitrine et une Minerve coiffée d'un large chapeau. La déesse mère gallo-romaine représente la fécondité. Elle revêt donc toute sa place dans une villa, au sens latin de " ferme " dont la vocation est essentiellement la production agricole : céréales, élevage de bovins, de chevaux, d'ovins,…

La villa en question devait avoir une certaine opulence. La preuve de cette richesse est la découverte d'un élément ornemental, une antéfixe en argile lors de la construction du Frigo de l'Auvergne Laitière dans les années 1920.

Une antéfixe est un ornement sculpté ou moulé qui décore le bord d'un toit. Sur celle qui fut trouvée figure un visage humain. Une telle parure signifiait certainement que la maison était richement décorée. L'autre statue, Minerve, déesse des artisans, des travailleurs manuels recevait le culte des potiers ou des charpentiers par exemple.

On a signalé la découverte d'un four de potier sur l'ancien site de la ferme du Couderc qui se trouvait place du Monument à l'emplacement de la station-service actuelle. On peut imaginer à Ritomagus (Riom gaulois) une petite industrie de poterie.

Les esclaves de cette époque ne s'attelaient pas qu'au travail des cultures ou de l'élevage, certains s'occupaient de l'entretien des maisons et du matériel. Des forgerons fabriquaient des outils en fer ou des armes telles des sagaies, dagues ou épieux destinées à la chasse. La forêt était bien plus grande qu'aujourd'hui et très riche en gibier de toute sorte. La déesse de la chasse était Diane qui a donné son nom à une localité cantalienne, Dienne.
Tout cela tend à prouver que le magus du début, terrain choisi pour un marché est devenu un vicus, un petit bourg comprenant une population sédentaire. Aux activités commerciales à l'origine du nom " Ritomagus ", le marché du gué, se sont ajoutées des activités agricoles et artisanales.

Les environs de Ritomagus ont connu des établissements aux noms d'origines gallo-romaines comme Saussac, Journiac, Rignac… Le suffixe -ac provient de -acum qui signifie la propriété lorsqu'il est accolé à un nom propre. Riniacum est la propriété de Rinius.

Des tessons de poterie ont également été trouvés aux Mazets. Gioux porte un nom romain qui vient de Jovis, le Dieu Jupiter. La tradition orale nous dit que l'ancien Riom se situait aux Routisses, à l'ouest, dont les ruines ont inspiré de multiples légendes puisque ce village aurait été incendié par les Sarrasins en 734 et les habitants auraient massacré la troupe Sarrasine dont le sang aurait rougi le ruisseau nommé par la suite " ruisseau des Sarrasins ". Aux Routisses, fut trouvée une pièce en pierre, sorte de coffre protecteur d'une urne cinéraire, pièce qui aujourd'hui forme le bénitier sous le porche de l'église Saint-Georges. Les Gaulois vouaient un culte aux fleuves et aux sources.

A Riom, trois sources paraissent anciennes : celle de la Grande Fontaine, la Fontaine Saint-Georges aux Routisses et la fontaine de l'église. Peut-être y a-t-il eu un temple gaulois auprès de la dernière qui aurait été détruit et remplacé par une église lors de la christianisation de la Haute Auvergne à la fin du IIIème siècle ap J.C..

En conclusion, les divers éléments archéologiques et toponymiques concordent pour dessiner un Riom qui est d'abord un " magus ", lieu de rendez vous aux échanges commerciaux. Cependant, ce marché du gué voit apparaître à proximité de la Véronne, des établissements de production agricole et des activités artisanales. Le plus ancien site riomois connu à ce jour demeure les Routisses où des vestiges du IIème et Ier siècle avant J.C, ont été retrouvés par l'archéologue Marius Vazeilles vers 1930 dans les restes de cases gauloises du bois de Laqueuille que traverse l'actuelle route de Rignac.

Découvrez en bref qui était Fernand Brun
Homme politique cantalien, Fernand Brun a marqué la commune de Riom-ès-Montagnes de son empreinte, sa commune natale dont il a été le Maire prendant près de 40 ans.

La présentation synthétique proposée ci-dessous a été réalisée par Monsieur Pierre FOUILLADE

Fernand Brun est né à Riom-es-Montagnes le 2 octobre 1867 et s'est éteint dans cette même commune le 12 octobre 1936 après avoir accompli de nombreux mandats politiques.

Son père, Guillaume Brun, huissier de justice, a été maire de Riom-es-Montagnes de 1878 à 1982. Sous son mandat, l'Hôtel de ville actuel a été construit dont une partie était occupée autrefois par l'école de garçons et par le prétoire de la justice de paix. Il avait acquis en 1874, le domaine de Saussac dépendant des terres du château de Saint Angheau, à Pierre de Cassagne de Beaufort, marquis de Miramon. Ce domaine comprenait la ferme de Saussac à Riom-es-Montagnes et la montagne du clau de Plume (commune de Collandres).

Sa mère, Henriette Dumas, orpheline de père et de mère à neuf ans, était née dans une famille paysanne, ses parents exploitant les terres de l'abbaye cistercienne de Brocq, commune de Menet.

Décédé sans enfant, Fernand Brun avait légué à la commune de Riom-es-Montagnes la nue-propriété de la majeure partie de ses biens, dont la ferme de Saussac. Son épouse, Mélanie Brun, léguera, de même, avant sa mort en 1958, l'ensemble de ses biens à la commune de Riom-es-Montagnes. Ces lègs d'un montant total très important (388 000 F en valeur de 1903) représentent aujourd'hui l'équivalent d'environ deux millions d'euros.Ils ont été consenti avec l'obligation pour la commune de construire un hospice pour les personnes âgées indigentes. La maison de retraite Brun–Vergeade, aujourd'hui en activité, a été développée à partir des bâtiments initiaux construits avec les legs de la famille Brun. De sa tradition familiale, Fernand Brun avait conservé la conscience d'une nécessaire solidarité avec les plus défavorisés.

Après une scolarité au collège à Mauriac puis au lycée de Clermont-Ferrand, Fernand Brun a obtenu une licence en droit à Paris en 1888 puis s'est inscrit au barreau de la cour d'appel de la capitale le 29 avril 1891.

Parallèlement à sa profession d'avocat il a assumé la charge de plusieurs mandats politiques.

Il a été élu conseiller municipal de sa commune natale en 1896 puis a été élu maire en septembre 1898, fonction qu'il a assuré jusqu'à sa mort en 1936. Lors des élections législatives de mai 1898 il est élu pour la première fois député de la circonscription de Mauriac, mandat qu'il assumera sans interruption jusqu'en 1919 puis à nouveau de 1928 à 1932. Il a représenté le canton de Riom-es-Montagnes au conseil général du Cantal de 1902 à 1919 et de 1927 à 1931.

Son adhésion aux idées du radicalisme traduit politiquement son combat pour faire advenir une République démocratique et sociale au service des plus humbles comme il l'indique dans sa profession de foi du 4 mai 1898. Ainsi, a t-il été le propagandiste ardent et résolu de la création d'un impôt progressif sur le revenu à une époque où les ressources fiscales de la France provenaient largement de l'impôt foncier qui, dans l'arrondissement de Mauriac, pesait lourdement sur les petits paysans. Élu rural avant tout, propriétaire agricole lui-même, il s'est toujours senti proche des agriculteurs qui l'ont reconnu comme un des leurs en lui confiant la présidence du Comice agricole cantonal.

Il n'a pas pour autant oublier d'agir pour améliorer le sort des ouvriers en votant en faveur des lois sociales mettant en place les assurances contre les accidents du travail et les retraites ouvrières.

Conscient de la nécessité de développer l'enseignement primaire il a fait construire, puis inauguré en 1901, une école publique pour les filles répondant ainsi à la volonté des Républicains de laïciser l'enseignement primaire.Ces batiments, comportant aussi une école maternelle, ce qui était rare à l'époque, ont été construits dans un style « art nouveau » par l'architecte Auguste Latour, né à Roumégoux(cantal) et ayant exercé à Paris entre 1890 et 1906.(voir l'article de Guilaine Pons, « L'ancienne école des filles de Riom-es-Montagnes »,dans Revue de la Haute Auvergne, tome 78, janvier-mars 2016.)

Très attaché à sa commune natale dont il a été le maire pendant près de 40 ans, il a consacré beaucoup d'énergie à son développement en créant une halle pour le marché aux fromages mais aussi et surtout en étant le défenseur inlassable du passage de la ligne de chemin de fer Bort-Neussargues par Riom-es-montagnes. Elle a été inaugurée par le ministre des Travaux publics, Louis Barthou, en 1908. L'arrivée du train à Riom-es-Montagnes a donné un coup de fouet au développement économique de la ville et lui a dessiné un nouveau visage urbain avec l'aménagement du quartier de la gare prévu dans le plan de la ville approuvé par le conseil municipal le 27 janvier 1903.

Fernand Brun a marqué de son empreinte notre cité et la ville lui doit son élan vers la modernité au tournant du XXe siècle.